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Ésaïe


Prophète en Juda, Ésaïe a exercé un long ministère : sa vocation date de 740 avant Jésus-Christ (6.1) et il a prophétisé sous les règnes des rois de Juda Yotam, Ahaz, Ézéchias (1.1), et très certainement Manassé (697 à 642 av. J.-C.). Ésaïe relate, en effet, la mort de Sennachérib survenue en 681 (37.38). Après l'accession au pouvoir de Manassé, roi idolâtre et violent, le prophète s'est sans doute retiré de la vie publique, entouré d'un cercle de disciples. D'après une ancienne tradition, il serait mort martyr, scié dans le tronc d'arbre où il s'était caché (2 R 21.16 ; He 11.37). Ésaïe, contemporain des prophètes Michée (en Juda) et Osée (dans le royaume du Nord), a vécu à Jérusalem. Marié, il a eu au moins deux enfants (7.3 ; 8.3). Son influence sur les autorités a été la plus grande sous Ézéchias, roi fidèle à l'Éternel.Après la mort du roi Ozias (6.1), sous la conduite de Tiglath-Piléser III (745 à 727 av. J.-C.) et de ses successeurs, les Assyriens imposèrent progressivement leur loi aux régions situées à l'ouest de leur territoire. En 722, ils s'emparèrent de Samarie, la capitale du royaume du Nord. En 701, ils envahirent Juda et mirent le siège devant Jérusalem. La ville fut miraculeusement sauvée, en réponse à la prière d'Ézéchias (ch. 36 et 37).C'est de cette époque troublée que datent la majorité des premières prophéties d'Ésaïe (1 à 39), en particulier celles qui composent le Livret de l'Emmanuel (ch. 7 à 12). En 735/734, les rois du royaume du Nord et de Damas voulurent entraîner le roi de Juda dans une alliance anti-assyrienne (7.1-2). Ahaz refusa de s'allier à eux, mais au lieu de s'appuyer sur l'Éternel, il demanda l'aide du roi d'Assyrie, ce qui provoqua la chute de Samarie. En réponse à l'incrédulité d'Ahaz, Ésaïe annonça l'invasion de Juda par les troupes assyriennes (8.5-10), mais aussi la venue, après cela (7. 16ss.), d'un étrange enfant, qui naîtra d'une « jeune fille » : Emmanuel (7.14 ; 8.8), « Dieu avec nous » (8.10 ; 9.5). Il sera le Messie, le fils de David tant attendu, sur qui reposera l'Esprit et dont la domination sera universelle (ch. 11).Lors de la venue d'une ambassade babylonienne à Jérusalem, vers 715, probablement dans le but de s'assurer l'appui d'Ézéchias contre l'Assyrie, Ésaïe annonce au roi de Juda l'exil futur du peuple de l'Éternel à Babylone (ch. 39). La deuxième partie du livre (ch. 40 à 55) s'appuie sur cette prophétie pour dévoiler la libération à venir que Dieu allait accomplir. Celle-ci s'opérera par l'intermédiaire de deux personnages dont le prophète révèle progressivement l'identité : un roi, Cyrus (41.2, 25 ; 44.28 ; 45.1, 13 ; 46.11), qui s'emparera de Babylone et permettra aux exilés d'accomplir un nouvel « exode » pour rentrer chez eux (44.14 ; 48.14, 20-21). Le deuxième est le Serviteur de l'Éternel (42.1-9 ; 49.1-13 ; 50.4-11 ; 52.13 à 53.12), différent d'Israël, serviteur aveugle et sourd (42.18-19 ; 43.8), et de Cyrus, car ce Serviteur n'emploiera pas la force : « Il ne brisera pas le roseau qui se ploie » (42.3). L'exode qu'il fera accomplir au peuple le fera « sortir » du péché (ch. 53), l'Esprit reposera sur lui (42.1 ; voir 61.1). La dernière section du livre (ch. 55 à 66) se conclut sur l'annonce de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre (65.17 ; 66.22). Telle est l'oeuvre qu'accomplira celui qu'Ésaïe nomme « le Saint d'Israël ».


Jérémie


C'est en 627 avant Jésus-Christ que Jérémie, encore jeune (1.6), est appelé par le Seigneur à être prophète (1.2). Il est originaire d'Anatoth, un village situé à quelques kilomètres au nord de Jérusalem, où Salomon avait exilé autrefois le grand-prêtre Abiatar qu'il avait destitué. Il est possible que Jérémie soit l'un de ses descendants (1.1). Provincial, privé de la prêtrise, Jérémie a bénéficié du recul nécessaire pour sa prédication très dure contre Jérusalem et le culte pratiqué au Temple (ch. 7 ; 26). Il sera contemporain de Sophonie et d'Habaquq, puis d'Ézéchiel.Le règne de Josias (640 à 609) constitue la période heureuse du ministère de Jérémie (ch. 1 à 6). Dès 628, le roi entreprend une réforme religieuse de grande envergure qui se fonde sur une politique d'indépendance à l'égard de l'Égypte et de l'Assyrie (2 Ch 34.6ss.). Jérémie soutient la réforme (2.1 à 4.4) et condamne ceux qui cherchent leur appui, non en l'Éternel, mais en des alliances avec les nations étrangères (2.18, 36). En 622, on découvre dans le Temple un rouleau de la Loi, probablement le Deutéronome. Jérémie participe à la ferveur suscitée par cette découverte : il insiste en particulier sur la nécessité d'une circoncision du coeur (4.4 ; 9.25 ; Dt 10.16 ; 30.6). Il discerne, lucide, que la réforme demeure superficielle : elle ne parvient pas à changer les motivations profondes de ses compatriotes (3.10).Josias meurt en 609 et la suite révèle combien le discernement de Jérémie était juste. Dès les premières années de Yehoyaqim (609 à 598), Jérémie doit s'opposer au pouvoir royal, pro-égyptien, et dénoncer l'idolâtrie (ch. 10) et les fausses sécurités que sont pour le peuple la présence du Temple à Jérusalem (7.4) et la possession de la Loi (8.8). Le ton monte, les prédications de Jérémie alternent avec ses plaintes (ch. 7 à 20). 605 est l'année décisive, qui structure le livre (25.3 ; 36.1 ; 45.1 ; 46.2) : Nabuchodonosor intervient une première fois contre Jérusalem, mais Yehoyaqim déchire et brûle le rouleau des déclarations de Jérémie (ch. 36). La rupture est décidée : le peuple partira en exil pendant soixante-dix ans (ch. 25).Sous le règne de Sédécias (597 à 587), qui intrigue avec l'Égypte contre Babylone, le drame éclate (ch. 37 à 45). Le prophète est consulté à plusieurs reprises, sans doute dans l'espoir de le faire changer de discours, mais son message ne varie pas : il faut se soumettre aux Babyloniens (38.17-18). Passant pour un traître (37.13), il est plusieurs fois emprisonné et manque même de perdre la vie (ch. 38). Après la chute de Jérusalem, en 586, et la déportation de la majorité de sa population, Nabuchodonosor nomme Guedalia comme gouverneur. Celui-ci est assassiné et, contre l'avis de Jérémie, les Judéens s'enfuient en Égypte. Emmené de force, le prophète y dénoncera l'idolâtrie persistante de ses compatriotes (ch. 44).Cependant, il y a une espérance (31.17) : le coeur de l'homme, « tortueux et incurable » (17.9), sera guéri. Dieu conclura une nouvelle alliance avec le peuple : lors de cette « réforme », il inscrira la Loi même dans le coeur de ses fidèles (31.31-34), et cette création nouvelle (31.22) s'opérera au moyen du pardon des péchés (31.34), grâce à celui qui dira un jour : « Cette coupe est la nouvelle alliance scellée de mon sang » (1 Co 11.25).


Les Lamentations de Jérémie


Le livre contient cinq lamentations funèbres sur Jérusalem, détruite par les armées babyloniennes, en 587/586 avant Jésus-Christ, après un siège long et rigoureux. L'auteur semble être un témoin oculaire de ces événements, avec leur cortège de misères : roi, prêtres, prophètes et gens du peuple outragés, massacrés (2.6, 9-12, 20), famine (1.11), cas de cannibalisme (2.20 ; 4.10), exil (1.3, 18). Il exprime sa douleur (3.16) et son sentiment d'abandon de l'Éternel (3.7-9 ; 4.20). Mais il réfléchit aussi aux causes du malheur et reconnaît que, dans son jugement, Dieu a été juste (1.18), ce qui l'amène à se tourner vers l'Éternel pour exprimer sa foi : « Car les bontés de l'Éternel et ses tendresses ne sont pas épuisées » (3.22).Les cinq lamentations adoptent une forme définie. Leur rythme se retrouve dans d'autres complaintes funèbres de l'Ancien Testament. En outre, les quatre premières d'entre elles sont alphabétiques : elles suivent l'ordre de l'alphabet hébreu (voir 1.1 ; 2.1 ; 3.1 ; 4.1 et notes). En adoptant cette forme, l'auteur a peut-être cherché à exprimer sa souffrance de À à Z ou à maîtriser son émotion due à la douleur qu'il ressentait.Traditionnellement, on attribue ce recueil à Jérémie, témoin de la chute de Jérusalem et de la destruction de son Temple. Les Lamentations évoquent en effet les « confessions » qui jalonnent le livre du prophète, dans lesquelles celui-ci se plaint des difficultés de son ministère.


Ézéchiel


Ézéchiel a fait partie du convoi de dix mille déportés (2 R 24.14) emmenés par Nabuchodonosor lors du siège de Jérusalem en 597, destiné à mater la rébellion que le roi de Juda Yehoyaqim avait lancée dès 602 contre le roi de Babylone. Dix ans plus tard, en 587/586, après une nouvelle révolte, soutenu par l'Égypte, de Sédécias, du roi de Juda, Nabuchodonosor détruira la ville et son Temple, et en déportera massivement la population.C'est en exil, à Tel Aviv sur le fleuve Kébar où il réside (1.1 ; 3.15), qu'Ézéchiel a exercé le ministère de porte-parole de l'Éternel pendant une vingtaine d'années (1.1 ; 40.1 et notes). Là, les déportés étaient libres et pouvaient mener une vie normale : ils possédaient des maisons et des terres (3.24 ; 8.1), avaient leurs propres responsables (20.1) et ils entretinrent des relations avec le royaume de Juda avant sa disparition en 586 (Jr 29).L'Éternel appelle Ézéchiel à devenir prophète en 593 (1.1-2), à trente ans, sans doute, âge auquel il aurait dû remplir la fonction de prêtre (1.3). Son ministère se divise en deux périodes que séparent le siège et la prise de Jérusalem (24.1 ; 33.21) et auxquelles correspondent les deux principales parties du livre (ch. 1 à 24 et 33 à 48), qui sont entrecoupées par les prophéties sur les nations païennes (ch. 25 à 32). Avant 586, les Judéens exilés s'imaginaient que Jérusalem serait épargnée et qu'ils rentreraient bientôt au pays. Ézéchiel s'emploie à détruire leurs illusions en annonçant la ruine inéluctable de Jérusalem à cause de sa « prostitution » religieuse (ch. 23). Après 586, les exilés perdent tout espoir et le prophète reçoit un message d'espérance : la nation revivra. Autrefois divisé en deux royaumes, le peuple uni rentrera d'exil et habitera de nouveau son pays (37.15-28). Mais cette résurrection ne sera pas seulement politique et territoriale. Ézéchiel entrevoit un retour à la vie plus profond encore : l'Esprit, ce « vent » qui « souffle où il veut » et dont entend le « bruit » (37.7, 9), ainsi que le rappellera Jésus (Jn 3.8), renouvellera la nation tout entière. Il sera répandu sur le peuple telle une eau pure qui le fera naître à de nouvelles motivations (36.25-27 ; Jn 3.5).La prophétie d'Ézéchiel est comme ponctuée par les déplacements de la gloire de l'Éternel, symbole de la grandeur et de la présence de Dieu. Elle apparaît au prophète lors de son appel. Quand la sentence tombe contre Jérusalem et contre son Temple, la gloire de l'Éternel, qui avait envahi le Temple au moment de sa dédicace sous Salomon (1 R 8.10-11), se retire du dessus du coffre de l'alliance (9.3). Elle se dirige alors vers l'entrée du Temple (10.18-19) puis quitte l'édifice et Jérusalem pour se placer sur le mont des Oliviers, à l'est de la ville (11.22-23). Dans sa vision de la nouvelle Jérusalem et du nouveau Temple, situés au sein d'une nouvelle création (ch. 40 à 48), le prophète verra la gloire revenir de l'est (43.1-3) pour remplir à nouveau le Temple (44.4). Jésus-Christ, gloire de l'Éternel (Jn 1.14), se retirera lui aussi sur le mont des Oliviers (Mt 21.17 ; Lc 21.37). Mais, un jour, la gloire de Dieu, déjà présente dans l'Église (1 Co 3.16), habitera la Nouvelle Jérusalem (Ap 21.10-11).


Daniel


En 605 avant Jésus-Christ, après sa victoire décisive sur les armées égyptiennes à Karkémich, ville située sur le Haut Euphrate, le roi de Babylone Nabuchodonosor (605 à 562) poursuit vers le sud les troupes ennemies en déroute. C'est à cette occasion qu'il assiège pour la première fois Jérusalem (1.1-2 ; 2 R 24.1). Le roi de Juda, Yehoyaqim, doit se soumettre et Nabuchodonosor emmène avec lui en Babylonie quelques membres de l'aristocratie judéenne, dont Daniel (1.3-4). Celui-ci et ses compagnons connaîtront en exil, pour prix de leur fidélité à l'Éternel, les persécutions les plus dures (ch. 3 et 6) et les honneurs les plus grands (1.17-20 ; 2.49 ; 3.30). Daniel lui-même devient haut fonctionnaire de l'empire (2.48-49 ; 4.6). Sans doute écarté à la mort de Nabuchodonosor en 562, il occupe à nouveau une fonction très importante dès la fin de l'empire babylonien en 539 (5.29), sous la domination des Mèdes et des Perses, au moins jusqu'en 536 (10.1).Selon les indications de l'ouvrage (12.4), le livre, qui contient de nombreux passages autobiographiques écrits à la première personne (ch. 8 à 12), est l'oeuvre de Daniel lui-même. Il est rédigé en hébreu au début et à la fin, et en araméen, la langue parlée dans tout l'empire, dans sa partie centrale, de 2.4 à 7.28. L'alternance entre ces langues s'expliquerait, selon certains, par les centres d'intérêt des deux grandes sections de l'ouvrage : la section en araméen concernerait plus particulièrement l'histoire des nations du monde, celles en hébreu l'avenir d'Israël.Le livre se compose de récits (surtout aux ch. 1 à 6) et de visions (surtout aux ch. 7 à 12). Celles-ci font entre autres largement appel au symbolisme, ce qui n'en facilite pas l'interprétation. Tel est le cas de la statue que Nabuchodonosor voit en rêve (ch. 2), dans la vision des quatre bêtes par Daniel (ch. 7) ou dans celle du bélier et du bouc (ch. 8). Les nombres eux aussi ont une portée symbolique (9.24-27 ; 12.7-13) et demandent à être décryptés. Fort heureusement, le livre lui-même fournit certaines explications : les quatre parties de la statue de Nabuchodonosor représentent les quatre royaumes que reprennent les quatre bêtes de la vision de Daniel (2.37ss. ; 7.15ss.) ; le bélier et le bouc sont les Mèdes associés aux Perses, et les Grecs (8.20-21). Puis, dans d'autres sections qui concernent par exemple les luttes entre les successeurs d'Alexandre le Grand, les Séleucides et les Ptolémées, et les persécutions d'Antiochus IV Épiphane (ch. 11 et 12), le langage est clair, sans symbolisme, et la précision des prédictions émerveille le lecteur moderne qui peut en vérifier l'accomplissement. Comme le souligne le livre, l'Éternel est bien le maître de l'histoire (5.21).Le Nouveau Testament s'appuie à de nombreuses reprises sur les révélations données à Daniel. Jésus y a choisi le titre par lequel il s'est de préférence désigné : le Fils de l'homme (7.13). Il rappelle « l'abominable profanation » dont a parlé le prophète Daniel (Mt 24.15 ; 9.27 ; 12.11) qui, selon lui, annonçait la destruction du Temple par les Romains en 70 ap. J.-C. Enfin, l'Apocalypse, dans ses visions, en particulier dans celle de la bête qui monte de la mer et qui représente Rome (ch. 13 et 17), renvoie, elle aussi, aux visions de Daniel pour en livrer la juste interprétation.


Osée


Osée, vraisemblablement originaire du royaume du Nord, y a été porte-parole de l'Éternel peu après le prophète Amos, dont il connaît les proclamations. Il a exercé son ministère pendant près de quarante ans, lors de la période finale de l'histoire du royaume d'Israël, à partir de la fin du règne de Jéroboam II (793 à 753) et durant l'époque d'anarchie qui s'ensuivit (2 R 15.8 à 17.41). Ésaïe est son contemporain en Juda.C'est pendant ces années que Tiglath Piléser III (745 à 727) réussit à faire de l'Assyrie la première puissance régionale. L'Égypte, affaiblie, encourage des soulèvements dans les pays progressivement assujettis à l'empire assyrien. La politique israélite oscille entre la soumission à l'Assyrie (2 R 15.19s.) et la recherche de l'appui égyptien (7.11 ; 12.2). Mais cet appui est trompeur : en représailles, le royaume du Nord se voit privé par les Assyriens d'une partie de son territoire (2 R 15.29). La guerre entreprise en alliance avec la Syrie contre le royaume de Juda fournira à Tiglath Piléser une nouvelle occasion de s'en prendre à Israël (2 R 16). Finalement, suite à une révolte du roi Osée, les Assyriens détruiront la capitale, Samarie, en 722, et déporteront la majeure partie de la population (2 R 17).Comme Amos, son prédécesseur, Osée dénonce la corruption morale, sociale et politique (4.1 ; 6.7-10 ; 7.1-16), mais l'accent de sa prédication tombe sur l'infidélité religieuse du peuple qu'incarne en particulier le sanctuaire de Béthel (4.15 ; 5.8 ; 10.8) édifié par Jéroboam I (1 R 12.29). Ainsi, à la condamnation de l'idolâtrie s'ajoute celle des pratiques cananéennes comme la prostitution sacrée, qui se sont frayé un chemin jusque dans le culte rendu à l'Éternel (4.10-19 ; 9.1 ; etc.).Pour dénoncer l'infidélité du peuple, Osée se sert du symbolisme conjugal car, comme pour les époux dans le mariage, la relation entre Dieu et son peuple est régie par une alliance (ch. 1 à 3). Selon certains, ce symbolisme s'appuierait sur la vie maritale du prophète qui aurait épousé Gomer, une prostituée (1.2-9 ; 3.1-3). Selon d'autres, ce mariage constituerait un « mime » ou une « action » prophétique à l'exemple des mimes produits par Jérémie (Jr 13.1-7) ou Ézéchiel (Ez 3.22 à 5.17). Au symbolisme conjugal se rattache le thème du procès : l'Éternel intente un procès (2.4ss. ; ch. 12) à son peuple infidèle comme un mari à son épouse adultère, et lui signifie son rejet : Israël perd sa qualité de peuple de Dieu (1.6-8 ; 2.4). Comme les paroles pieuses et les rites cultuels des Israélites ne sont pas accompagnés d'une véritable humiliation et d'un amour durable pour l'Éternel (ch. 6), le châtiment est imminent ; ce sera la guerre et l'exil (5.8ss. ; ch. 8 à 10 ; 13).Pourtant, dans son amour, l'Éternel rappelle le peuple infidèle. L'exil sera comme un retour au désert où l'Éternel se fera connaître à son peuple comme au Sinaï. Il lui accordera le pardon, le reprendra pour son peuple, en le transformant pour qu'il aime fidèlement l'Éternel et vive selon le droit (2.1-3, 18ss. ; ch. 14). Car cet amour qui caractérise l'Éternel doit aussi caractériser ceux qui lui appartiennent dans leur relation avec Dieu et avec leur prochain (6.6 ; 12.7).


Joël


En dehors du livre de Joël (1.1) et de la citation qui en est faite en Actes 2.16, l'Écriture ne fait nulle part allusion au prophète Joël. Il ne peut, en effet, être identifié à aucun des douze autres personnages de l'Ancien Testament qui portent le même nom. Son père Petouël (1.1) est lui aussi inconnu par ailleurs. L'intérêt du prophète pour Jérusalem et pour Juda (3.5 ; 4.1, 6, 8, 16-20) suggère qu'il a dû exercer son ministère dans le royaume de Juda. L'époque de ce ministère, quant à elle, demeure très discutée : les dates proposées vont du neuvième siècle avant Jésus-Christ, sous Joas (835 à 796), au retour de l'exil, après les ministères d'Aggée et de Zacharie.Le thème central du livre est « le jour de l'Éternel », expression qui revient à cinq reprises dans la prophétie (1.15 ; 2.1, 11 ; 3.4 ; 4.14).Dans un premier temps, Joël applique ce thème à une réalité qui lui est contemporaine (1.1-20) : une sécheresse et une invasion de sauterelles (1.4) viennent de ravager le pays et d'anéantir les récoltes. Aux yeux du prophète, ce fléau est un « jour de l'Éternel », c'est-à-dire un jugement de Dieu contre l'infidélité de Juda (1.15).Selon certains, le chapitre 2 se rapporte à cette même invasion de sauterelles (2.25), à ce même « jour de l'Éternel » (2.1-2). À cause de la punition divine, Joël appelle le peuple à revenir de tout son coeur à l'Éternel en manifestant sa décision de changer d'attitude intérieure par un jeûne national (2.12-17). Le prophète semble avoir été entendu. L'Éternel annonce, en effet, qu'il va détruire son armée de sauterelles et compenser par une nouvelle prospérité les dégâts qu'elles ont causés (2.18-27). D'autres, cependant, discernent dans l'invasion de sauterelles du chapitre 1 la préfiguration d'une invasion militaire du royaume de Juda, décrite au chapitre 2, par des troupes nombreuses et puissantes (2.4-10) venues du nord (2.10 ; voir Jr 1.14 ; 6.22).Dans un deuxième temps, passant de la scène contemporaine à celle de la fin des temps, Joël annonce un jour de l'Éternel universel, jour de salut pour le peuple de Dieu (3.1-5 ; 4.18-21) et de jugement pour les nations (4.1-17). En ce jour, répondant à l'ancien voeu de Moïse (Nb 11.29), l'Éternel répandra son Esprit sur tous les membres de son peuple pour faire d'eux ses porte-parole, alors qu'un tel don n'était jusque-là réservé qu'à quelques-uns (3.1-5). C'est cette prophétie que l'apôtre Pierre citera le jour de la Pentecôte pour en signaler l'accomplissement et expliquer l'événement (Ac 2.16-21). Mais en ce jour de l'Éternel, les nations se rassembleront aussi pour attaquer le peuple de Dieu en un ultime sursaut de révolte contre l'Éternel qui interviendra pour les juger (4.1-17). Cette vision grandiose de l'épreuve finale sera reprise par Ézéchiel (ch. 38 à 39) puis dans l'Apocalypse. Enfin, dans une dernière prophétie sur le jour de l'Éternel (4.18-21), Joël annonce la prospérité finale du peuple de Dieu et sa purification par une source qui jaillira du Temple. Jésus y fera écho pour annoncer le don de l'Esprit (Jn 7.37-38).


Amos


Amos, agriculteur de Teqoa (1.1 ; 7.14-15), dans le royaume de Juda, a été le porte-parole de l'Éternel dans le royaume du Nord. Il a exercé son ministère à l'époque des rois Ozias de Juda (792 à 740) et Jéroboam II d'Israël (793 à 753), sans doute vers 760 à 750 avant Jésus-Christ, alors qu'Israël connaissait une prospérité économique en croissance.À cette époque, l'Assyrie, qui a affaibli la Syrie, voisin redoutable d'Israël, connaît elle-même des tensions internes. Jéroboam peut ainsi reconquérir, au nord du pays, des territoires israélites occupés par la Syrie (2 R 14.25). Profitant de la stabilité politique, l'aristocratie accroît ses richesses et ses propriétés foncières, jouit du confort et du luxe et s'abandonne à l'euphorie (6.4-6), clamant le slogan : « l'Éternel est avec nous » (5.14, 18). Cette prospérité des uns ne va pas sans violence à l'égard des autres : extorsions de biens, corruption de la justice, malhonnêteté en affaires (5.11 ; 8.5), exploitation des pauvres que l'on réduit au servage (8.6). La vie religieuse se dégrade elle aussi. Au sanctuaire établi à Béthel par Jéroboam I (1 R 12.26-33), le culte, empreint de formalisme et d'hypocrisie, est contaminé par les rites immoraux cananéens (3.14 ; 4.4-5 ; 5.22ss.). C'est pourquoi le prophète se rendra dans ce centre religieux du royaume de Nord, qui était aussi un lieu de résidence royale, pour y apporter son message (7.10-13).La prophétie d'Amos, à la forte tonalité éthique et sociale, se divise en trois grandes parties. Le livre débute par une série de brèves proclamations sur les nations (ch. 1 et 2) qui sont toutes introduites par le même refrain (1.3, 6, etc.). De manière significative, Juda et Israël sont comptés parmi les peuples jugés (2.4, 6) : le privilège de leur élection par l'Éternel ne les dispense pas de pratiquer le droit que Dieu exige de toutes les nations (3.1-2 ; voir 9.7-8).Dans la partie centrale de la prophétie (ch. 3 à 6), Amos dénonce sans cesse et avec vigueur la corruption sociale, politique et religieuse d'Israël. Il met en lumière l'incapacité du peuple à tirer les leçons du passé (4.6-11) et annonce la ruine qui le menace (3.11 ; 5.1-3 ; 6.7ss.). Proclamant la venue du jugement, le prophète condamne les fausses sécurités dans lesquelles les Israélites mettent leur confiance (5.18 à 6.14), en particulier la « religion » avec ses fêtes et ses sacrifices (5.18-27). Ce rejet des sacrifices, diversement interprété, vise la pratique des rites religieux qui ne s'accompagne pas d'un engagement de la personne envers Dieu, comme ce fut déjà le cas pendant l'exode, lorsque le peuple a sacrifié à l'Éternel tout en gardant ses idoles dans le coeur (5.25-26 ; Ex 32 ; Nb 14.3-4). Étienne citera ce passage lorsqu'il dénoncera l'aveuglement des chefs religieux d'Israël de son temps, qui pourtant plaçaient leur fierté dans le culte pratiqué au Temple (Ac 7.42-43, 51).Le livre se termine par un ensemble de visions qui évoquent le châtiment et le salut à venir (ch. 7 à 9). L'Éternel restaurera le royaume de David. Il réunira la nation et celle-ci prendra possession du monde entier (9.11-12). Jacques déclarera cette prophétie accomplie lors du concile de Jérusalem où l'on traitera de la question de l'entrée des païens convertis dans le peuple de Dieu (Ac 15.14-18).


Abdias


Abdias, nom courant dans l'Écriture (1 R 18.3-16 ; 1 Ch 3.21 ; 7.3 ; 8.38 ; etc.), annonce dans une courte prophétie la ruine d'Édom, peuple descendant d'Ésaü, le frère jumeau de Jacob (Gn 24.24-25) qui s'était installé dans les monts de Séir, au sud-est du Jourdain (Gn 36). Le livre ne donne aucun renseignement sur le prophète lui-même, mais il se réfère à une invasion de Jérusalem par des armées ennemies, dont les Édomites ont tiré profit (10-14). Cette indication permet de proposer deux dates pour la prédication d'Abdias :1. Vers 845 avant Jésus-Christ. En effet, Édom, jusque-là assujetti à Juda, s'est révolté sous le règne de Yoram (848 à 841, 2 Ch 21.8-10). Vers 845, les Philistins et les Arabes ont investi Jérusalem, pillé le palais royal et emmené des captifs (2 Ch 21.16s.). Il semble que les Édomites se soient associés à ces violences car le prophète Amos, écrivant au huitième siècle, mentionne un événement comparable à celui que décrit Abdias (Am 1.6, 9, 11).2. Après 586 avant Jésus-Christ. En effet, lorsque les armées babyloniennes de Nabuchodonosor ont pris Jérusalem, les Édomites en ont profité pour se venger des Judéens, comme le soulignent de nombreux passages de l'Ancien Testament (Ps 139.7 ; Ez 25.12-14 ; 35 ; Lm 4.21s.).Le prophète, dans un premier temps, annonce le jugement d'Édom (1-14). Celui-ci s'est réjoui du malheur de ses frères, le peuple de Jacob, Juda (10-12), et il s'est rendu coupable de crimes de guerre (13-14). C'est pourquoi il lui sera fait comme il a fait, selon la loi du talion : « Oeil pour oeil, dent pour dent » (Ex 21.24).Mais au-delà du jugement d'Édom, Abdias discerne un jugement plus large qui englobera toutes les nations et dont celui du peuple d'Ésaü sert d'image (15-21). Car au jour de l'Éternel, Dieu punira les nations pour le mal qu'elles auront fait, selon la même loi du talion (15-16). Cependant, avec le jugement viendra aussi le salut : le peuple des « sauvés » (17) se répandra sur la terre entière (19-20), et Dieu y établira son règne (21).Jésus annoncera lui aussi un tel jugement des nations (Mt 25.31-46). Mais avant cela, il faudra que la Bonne Nouvelle du salut se répande dans le monde entier, à partir de Jérusalem (Lc 24.46).


Jonas


Jonas, fils d'Amittaï (1.1), originaire de Gath-Hépher en Zabulon (2 R 14. 25 ; Jos 19.10, 13), a été le porte-parole de l'Éternel dans le royaume du Nord sous le règne de Jéroboam II (793 à 753 av. J.-C.). À cette époque, on assiste à l'affaiblissement de la Syrie sous la pression des Assyriens, puis à une éclipse de la puissance de l'Assyrie, due à des troubles internes au royaume. Selon le livre des Rois, Jonas a encouragé Jéroboam II à profiter de ce répit pour reconquérir les territoires du nord du pays occupés par les Syriens (2 R 14.25-27).Contrairement aux autres écrits prophétiques de l'Ancien Testament, le livre de Jonas rapporte l'histoire de l'accomplissement d'une seule mission confiée par l'Éternel à un prophète. Dans sa forme, cet écrit rappelle le récit des ministères d'Élie et d'Élisée dans 1 et 2 Rois ainsi que les sections narratives des livres d'Ésaïe, de Jérémie et d'Ézéchiel.Le livre raconte comment Jonas, chargé par l'Éternel d'aller à Ninive, la capitale assyrienne, pour y dénoncer le mal qui s'y commet, se rebelle contre l'ordre du Seigneur et s'enfuit par mer dans la direction opposée (1.2-3). Mais contraint et forcé (1.4 à 2.11), le prophète se rend finalement à Ninive pour y annoncer le jugement de Dieu, et à l'écoute de sa prédication, les habitants de la ville décident de changer de vie. En réponse à ce changement d'attitude, l'Éternel renonce à l'exécution de la peine (3.1-10). Furieux, Jonas désire alors mourir (4.3) et dévoile les raisons profondes de sa rébellion contre Dieu : connaissant l'amour et la bienveillance de l'Éternel (4.2), le prophète ne voulait pas offrir une « chance » de salut aux Assyriens, peuple belliqueux à la cruauté proverbiale, qui, selon Amos, contemporain de Jonas, allait ruiner Israël. Le manque de pitié du prophète, qui se voulait plus « juste » que Dieu (4.4-11), était donc peut-être teinté d'un nationalisme étroit qui s'opposait à la volonté de Dieu de bénir toutes les nations par Israël (Gn 12.3 ; Ex 19.5s. ; 1 R 17.8ss. ; 2 R 5 ; Ps 96 ; 98 ; 117 ; Am 9.12).Lorsque les responsables juifs viendront demander à Jésus de produire un signe miraculeux prouvant l'origine divine de sa mission, le Seigneur leur répondra par celui de Jonas : de même que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, le Messie attendu restera trois jours et trois nuits dans le tombeau (Mt 12.38-40 ; 16.4 ; Lc 11.29). Mais aveuglés par leur nationalisme religieux, les Juifs du temps de Jésus ne le reconnaîtront pas (Mt 12.41 ; Lc 11.30).


Michée


Le prophète Michée, originaire de Morécheth en Juda (1.1, 14), au sud-ouest de Jérusalem, a exercé son ministère sous les règnes de Yotam (750 à 732 av. J.-C.), d'Ahaz (735 à 715 ; co-régence de 732 à 735) et d'Ézéchias (715 à 686 ; co-régence à partir de 727/729). Il a donc vu, en 722, la chute de Samarie qu'il avait annoncée (1.2-7). Contemporain d'Ésaïe, il a en commun avec lui une prophétie sur le règne universel de l'Éternel à Sion, centre religieux des peuples du monde entier (4.1-5 ; Es 2.2-5). Mais contrairement à Ésaïe qui, citadin et membre de l'aristocratie, s'intéresse tout particulièrement aux enjeux de politique nationale et internationale, Michée, d'origine rurale, a surtout le souci du petit peuple (2.1-2, 8-9 ; 3.2-3 ; etc.).Ainsi, à la manière d'Amos qui l'a précédé, Michée s'élève-t-il avec force contre les injustices sociales (2.8-9 ; 3.2-3, 9-10 ; 6.10-12 ; 7.2-3, 5-6) et souligne l'insuffisance de toute pratique religieuse qui ne s'accompagne pas d'une vie juste (6.6-8). Comme Osée, il utilise l'image du procès que l'Éternel intente à son peuple infidèle à l'alliance (1.2 ; 6.1ss.). Il est le premier à annoncer la ruine de Jérusalem (3.12), ce dont les contemporains de Jérémie se souviendront un siècle plus tard (Jr 26.18).Cependant, l'Éternel n'abandonnera pas son peuple. Comme un berger, il rassemblera le petit nombre des brebis de son troupeau qui subsistera, et les conduira en un nouvel exode, comparable à celui de la sortie d'Égypte (7.14-15). Cet exode pourtant sera plus miraculeux encore que le premier. Car l'ennemi que la mer engloutira ne sera plus l'armée égyptienne (Ex 14.27-28) mais le péché même du peuple de Dieu (7.19). Son troupeau, l'Éternel le confiera à un berger-roi qui, comme son représentant, le mènera paître (2.12-13). C'est à cette prophétie que Jésus renvoie dans sa parabole du « Bon Berger » car ce texte est le seul de l'Ancien Testament à unir l'image du berger et celle de la porte de la bergerie (Jn 10.7, 11).Ce berger-roi sera de la lignée de David. Comme celui-ci, en effet, il naîtra à Bethléhem (5.1), et lorsque Hérode demandera aux théologiens de son temps où devait naître le Messie, c'est en citant cette prophétie qu'ils lui répondront (Mt 2.4-6 ; voir Jn 7.41-42). En proclamant la venue de ce roi, Michée s'appuie sur l'ancienne promesse, faite par l'Éternel à David, de la permanence de sa lignée (2 S 7.13-14). Mais en mentionnant « celle qui doit enfanter » (5.2), il se réfère peut-être aussi à la prophétie d'Ésaïe, son contemporain, qui a annoncé l'apparition d'un signe miraculeux : la jeune fille deviendra enceinte et elle donnera naissance à un fils, Emmanuel (Es 7.14).Sous la conduite de ce roi, dont le règne s'étendra à toutes les nations, les hommes vivront dans la paix (4.1-5). Mais auparavant, le peuple de Dieu connaîtra des temps difficiles : les douleurs de l'enfantement (4.9-14). Le salut à venir n'atteindra pas l'ensemble du peuple mais uniquement un faible reste qui aura été purifié (4.6-8 ; 7.18).


Nahoum


L'Écriture ne permet guère de préciser l'identité du prophète Nahoum. Celui-ci est en effet inconnu des autres textes de l'Ancien Testament et la situation de sa localité d'origine, Elqoch (1.1), est incertaine. Sa prophétie est tout entière consacrée au jugement et à la chute de Ninive, capitale de l'Assyrie. Certaines données permettent toutefois de la dater.On assiste vers 900 avant Jésus-Christ à la constitution du nouvel empire assyrien, prélude à trois siècles de guerres sanglantes avec les peuples voisins. Ninive en devient la capitale sous Sennachérib (704 à 681). En 663, pour s'opposer aux attaques égyptiennes, le roi assyrien Assourbanipal (669 à 627) s'empare de Thèbes, capitale de la Haute Égypte et première cité de l'Orient. Mais après la mort du roi, l'Assyrie connaît un déclin rapide. Les Babyloniens regagnent leur indépendance vers 630 et fondent un nouvel empire en 626. À partir de 618, alliés aux Mèdes et aux Scythes, ils vont de victoire en victoire contre les Assyriens. Avec les Mèdes, ils prennent Ninive d'assaut et rasent la ville en 612. En 606, il ne restera rien de l'empire assyrien, dont le territoire est partagé entre les Mèdes et les Babyloniens.Durant ces années, les royaumes d'Israël et de Juda ont, eux aussi, souffert de l'emprise assyrienne sur le Moyen-Orient. En 722, Samarie, la capitale du royaume du Nord, est détruite et sa population déportée. Quelques années auparavant, le roi de Juda, Ahaz, s'était soumis au roi d'Assyrie et avait dû adopter les dieux de son nouveau maître (2 R 16.18). Ézéchias, son successeur, entreprend une réforme religieuse et se révolte contre l'Assyrie. Mais son fils Manassé (697 à 642) change de politique, toute tentative de résistance à l'Assyrie paraissant en effet désespérée. Manassé se soumet et livre son royaume au culte des dieux assyriens (2 R 21.1-18).Le ministère de Nahoum s'inscrit entre la chute de Thèbes, en 663, qu'il rappelle (3.8-10) et celle de Ninive, en 612, qu'il annonce. De plus, à son époque, Juda est soumis à l'Assyrie (1.13 ; 2.1), ce qui ne sera plus le cas sous Josias, vers 630. Il semble donc probable que Nahoum ait prophétisé sous le règne de Manassé, entre 663 et 642, pour encourager Juda à rester fidèle à l'Éternel et à résister à l'influence assyrienne. Car Ninive, proclame-t-il, sera totalement anéantie.Deux siècles plus tard, le général grec Xénophon traversera les ruines de Ninive, sans même savoir le nom de la ville ou du peuple qui l'avait habitée. Le site de Ninive n'a d'ailleurs été redécouvert qu'à une époque récente, en 1845.


Habaquq


Bien que le livre d'Habaquq ne fournisse aucun renseignement sur l'identité du prophète, il est possible, grâce aux indications historiques qu'il contient - en particulier la mention des Babyloniens (1.6) - de préciser l'époque à laquelle Habaquq a exercé son ministère.En effet, à partir de 630 avant Jésus-Christ, les Babyloniens se sont peu à peu rendus maîtres de toute la Mésopotamie, après s'être libérés de la domination assyrienne. En 626, ils fondent leur nouvel empire et en 612, alliés aux Mèdes, ils s'emparent de Ninive, la capitale de l'Assyrie. L'Égypte tente alors de venir au secours de ce qui reste de l'Assyrie. En 609, les armées égyptiennes pénètrent en Juda pour se rendre sur l'Euphrate. Josias, roi de Juda, qui veut les empêcher de traverser son territoire, trouve la mort au combat, à Meguiddo. Les troupes du pharaon livrent bataille à celles du Babylonien Nabopolassar : l'issue n'est pas décisive. Sur le chemin du retour, le pharaon repasse par Jérusalem où il dépose le nouveau roi de Juda, Yoahaz, pour le remplacer par Yehoyaqim, pro-égyptien (2 R 23.29-35). En 605 a lieu un nouvel affrontement entre les deux puissances. Nabopolassar succombe à la maladie et son fils, Nabuchodonosor, remporte à Karkémich une victoire décisive sur l'Égypte désormais très affaiblie. Les armées babyloniennes poursuivent leurs ennemis en fuite au moins jusqu'à Jérusalem. Nabuchodonosor assiège la ville et Yehoyaqim fait acte de soumission (2 R 24.1). Nabuchodonosor emporte avec lui un grand butin et emmène un premier convoi de captifs, peu nombreux, mais choisi parmi l'aristocratie judéenne (Dn 1.1). Il inaugure ainsi un règne long et prospère.Habaquq connaît les Babyloniens et sait avec quelle violence ils agissent (1.6-11). Mais à son époque, ceux-ci ne semblent pas encore être intervenus en Juda (1.5). La prophétie daterait donc d'avant la bataille de Karkémich. Par ailleurs, Habaquq dénonce l'injustice sociale et l'oppression qui se pratiquent en Juda (1.2-4), ce qui correspond plutôt au règne de Yehoyaqim qu'à celui de Josias. On peut ainsi situer son ministère au début du règne de Yehoyaqim, entre 609 et 605. Habaquq est donc un contemporain de Jérémie.La prophétie se compose en grande partie d'un dialogue entre le prophète et l'Éternel, qui porte sur la manière dont Dieu dirige l'histoire : comment lui qui est juste peut-il tolérer l'injustice (1.2-4) ou punir le méchant par plus méchant que lui (1.12 à 2.1) ? Dans ses réponses, l'Éternel souligne que les méchants seront jugés (1.5-11 ; 2.5-20) et la justice établie sur terre (2.13-14). Mais ces réalités viendront en leur temps (2.3 ; 3.3 ; voir He 10.37). Ainsi, dans l'attente de la « venue » de Dieu (2.3 ; 3.3), le prophète est-il appelé à vivre par la foi, en croyant que le Seigneur accomplira ce qu'il a promis (2.3-4). L'apôtre Paul discernera dans cet appel le principe qui gouverne la relation du fidèle à Dieu (Rm 1.17 ; Ga 3.11). Habaquq, quant à lui, y répond par la prière de la foi (ch. 3), nourrie des promesses de l'Éternel (3.2ss.) et de l'attente du salut de Dieu.(3.16-19).


Sophonie


Sophonie, dont la généalogie est exceptionnellement longue et détaillée pour un prophète (1.1), était peut-être de lignée royale. Parmi ses ancêtres, il compte en effet un homme nommé Ézéchias qui pourrait être le roi qui a régné sur Juda de 715 à 686 avant Jésus-Christ.Sophonie a été le porte-parole de l'Éternel dans le royaume de Juda, sous le règne de Josias (640 à 609) (1.1). Les rois précédents, Manassé et Amôn, avaient encouragé le peuple à se livrer à des pratiques idolâtres (2 R 21). Dès 629/628, Josias entreprend de faire disparaître du pays les idoles et les sanctuaires contraires à la Loi de Dieu (2 Ch 34.3-7). En 622, il fait réparer le Temple qui avait été fermé. On y retrouve un exemplaire de la Loi de Moïse, tombée dans l'oubli. Cette découverte conduit Josias à lancer un vaste mouvement de réforme (2 Ch 34.8-33). Celui-ci est favorisé à l'époque par le déclin de l'Assyrie, empire qui dominait jusqu'alors tout le Moyen-Orient ancien.Sophonie dut exercer son ministère avant la réforme de 622 car il mentionne encore la présence de cultes idolâtres en Juda et à Jérusalem (1.4-5). Par ailleurs, la loi de Ninive, la capitale de l'Assyrie, semble toujours régir l'ensemble de la région (2.13-15). La prophétie daterait donc d'avant l'ébranlement de la puissance assyrienne qui a suivi la mort d'Assourbanipal en 625. On pourrait ainsi situer vers 630 le ministère de Sophonie, qui n'a pas dû être étranger aux premiers efforts de Josias pour éradiquer l'idolâtrie de Jérusalem et de Juda, dès 629/628.Sophonie annonce l'arrivée d'un « jour de l'Éternel » (1.2 à 2.3) au cours duquel Dieu va juger les idolâtres de son peuple. Seuls les humbles, ceux qui comptent sur l'Éternel et vivent selon la droiture, seront « peut-être » épargnés (2.3) - « peut-être », non à cause d'une quelconque incertitude des promesses divines, mais parce que le salut dépend totalement de la grâce de Dieu. Ce jour de l'Éternel (3.8) atteindra aussi les peuples voisins de Juda, et en particulier Ninive, avant de fondre sur Jérusalem (2.4 à 3.8). Mais l'Éternel n'agira pas qu'en juge : il viendra aussi pour sauver (3.9-20). Grâce à son oeuvre de transformation, les peuples le serviront de façon unanime (3.9), chacun dans son pays, en abandonnant ses dieux (2.11). Du peuple d'Israël, épuré par le jugement, demeurera un reste qui sera lui aussi transformé et qui abandonnera ainsi ses comportements coupables. Alors l'Éternel se tiendra au milieu de son peuple, non plus en juge pour le condamner (3.5), mais comme un guerrier pour le sauver (3.15, 17).


Aggée


En 539 avant Jésus-Christ, comme l'avaient annoncé les prophètes Ésaïe et Jérémie, Babylone est prise par le roi des Mèdes et des Perses, Cyrus. Celui-ci, par un édit, permet alors aux Judéens exilés en Babylonie de rentrer dans leur pays et de reconstruire le Temple de l'Éternel. Quelques dizaines de milliers d'entre eux retournent en Juda sous la conduite de Zorobabel - qui deviendra le haut-commissaire de la Judée pour l'empire perse - et du grand-prêtre Josué (Esd 1 et 2). Là, en 537, quelques mois après leur retour, ils rétablissent l'autel de l'Éternel pour lui offrir des holocaustes (Esd 3.1-5), puis ils entreprennent de rebâtir le Temple. En 536, les fondations sont posées (Esd 3.6-13). Mais les populations voisines les découragent et les travaux sont interrompus (Esd 4. 1-5, 24).En 522, Darius I Hystaspe devient empereur. Il doit faire face à plusieurs révoltes et n'achève la pacification de son empire qu'en 520. C'est à la fin de cette période troublée qu'Aggée, puis Zacharie, interviennent en Juda pour appeler le peuple à rouvrir le chantier du Temple (Esd 5.1-2 ; 6.14). Le peuple se met au travail. Les chefs de la province de l'ouest de l'Euphrate s'en inquiètent et envoient un rapport à Darius. Mais les responsables de Juda justifient les travaux en s'appuyant sur l'édit de Cyrus de 538 et Darius autorise la poursuite de la reconstruction du Temple, qui sera terminée en 516 (Esd 5 et 6).L'Écriture ne donne aucun renseignement sur le prophète Aggée lui-même. Cependant, les quatre proclamations qui composent son livre sont toutes datées avec précision : la première d'août, la deuxième d'octobre et les deux dernières de décembre 520 (1.1 ; 2.1, 10, 20).La prophétie d'Aggée porte essentiellement sur la nécessité de reconstruire le Temple de l'Éternel après plus de dix années d'arrêt des travaux. Dans un premier temps, le prophète dénonce la négligence des Judéens qui se soucient de leurs propres affaires et de leurs propres demeures, et délaissent le Temple en ruines. C'est à cause de cette attitude coupable que l'Éternel a envoyé la sécheresse dans le pays (1.1-11). La décision de reprendre les travaux sera récompensée par la fin de la sécheresse et la bénédiction (2.10-19). Cependant, la vision des choses d'Aggée ne se limite pas à sa seule époque. Il entrevoit, en effet, un temps où l'Éternel ébranlera une fois encore le ciel et la terre (2.6, 21). En ce temps-là, les nations seront jugées (2.7, 22), le Temple connaîtra une gloire plus grande encore que celle du Temple construit par Salomon (2.8-9) et le Messie, représenté par Zorobabel, membre de la lignée de David (1 Ch 3.18-21), inaugurera un règne de paix (2.9, 23). L'auteur de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, citera la prophétie d'Aggée sur l'ébranlement futur de la terre et du ciel qui annonce la venue du « royaume inébranlable » qui attend ceux qui appartiennent à Jésus-Christ (He 12.26-28).


 


Zacharie


Né en Babylonie, Zacharie a pris part au retour des exilés en Juda, sous la conduite de Zorobabel et du grand-prêtre Josué, en 538 avant Jésus-Christ. Comme Jérémie (Jr 1.1) et Ézéchiel (Ez 1.3), Zacharie était prêtre. Son grand-père Iddo (1.1, 7) est en effet mentionné dans la liste des prêtres revenus d'exil (Ne 12.4). Lorsque Yoyaqim succédera à Josué comme grand-prêtre, Zacharie succédera à Iddo comme prêtre et chef de sa famille (Ne 12.12-16), ce qui semble indiquer que son père Barachie est mort assez jeune (1.1, 7).Zacharie est contemporain d'Aggée et, comme lui, a encouragé les Judéens à revenir à l'Éternel (1.2-6) et à rouvrir le chantier du Temple, après plus de dix années d'interruption (4.8-10 ; Esd 5.1 ; 6.14). Les premières prophéties (1.7 à 6.15) datent de deux mois après les dernières proclamations d'Aggée, c'est-à-dire de février 519 (1.7), et les chapitres 7 et 8 de décembre 518 (7.1). Les prophéties des chapitres 9 à 14 pourraient dater d'après 480 : la formule qui les introduit ne se retrouve en effet qu'en 12.1 et en Malachie 1.1.La première section du livre (1.7 à 6.15) se compose essentiellement de huit visions nocturnes qui, de manière symbolique annoncent l'oeuvre future de l'Éternel à partir de réalités connues du prophète : Jérusalem (2.6), le grand-prêtre Josué et le descendant de David, Zorobabel (ch. 3 et 4), et le Temple (6.9-15). La deuxième section (ch. 7 à 8), avec son insistance sur la pratique du bien, a un caractère plus social. Dans la dernière section (ch. 9 à 14), le prophète dresse un tableau majestueux des événements qui marqueront le temps de la fin : le Messie viendra, monté sur un ânon (9.9 ; Mt 21.5 ; Jn 12.15), mais il sera rejeté, vendu pour trente pièces d'argent (11.12-13 ; Mt 26.15) et livré à la mort (13.7 ; Mt 26.31 ; Mc 14.27). Certains parmi le peuple (12.11-14), cependant, le reconnaîtront et tourneront les regards vers celui qui aura été transpercé (12.10 ; Jn 19.37) et dont coulera la source qui purifie du péché (13.1 ; voir Jn 19.34-35). Mais un temps d'épreuve attend encore Jérusalem, qui sera prise d'assaut avant que l'Éternel n'intervienne pour juger les nations venues la combattre (14.1-7) et que la ville ne soit comme transfigurée (14.8-21 ; le v.11 est cité en Ap 22.3).L'un des aspects les plus frappants du livre de Zacharie est la manière dont il fait converger plusieurs lignes prophétiques de l'Ancien Testament. Le Germe, le descendant du roi David attendu par plusieurs prophètes (Jr 23.5 ; 33.15 ; voir Es 11.1), est aussi appelé « Serviteur de l'Éternel », nom du personnage annoncé par Ésaïe, qui allait mourir en sacrifice pour les péchés du peuple de Dieu (Es 52.13 à 53.12). Le « Messie glorieux » et le « Messie souffrant » ne font qu'un, ce que confirme Zacharie qui prophétise la venue du roi messianique humilié (9.9), trahi (11.12-13) et mis à mort (12.10). Mais ce Germe-Serviteur sera aussi prêtre, comme l'annonçaient déjà les Psaumes (Ps 110.4) : il bâtira le Temple de l'Éternel et, en Roi-Prêtre, il y siégera (6.12-13). C'est en Jésus que ces lignes prophétiques convergentes ont trouvé leur accomplissement et que les images ont laissé la place à la réalité qu'elles préfiguraient.


Malachie


Le prophète Malachie n'apparaît nulle part ailleurs dans l'Écriture. Son nom signifie en hébreu « mon messager ». Or ce même mot est employé en 3.1 pour désigner le messager de l'Éternel qui préparera son chemin, et les prophètes et les prêtres étaient eux aussi appelés « messagers » de Dieu (2.7 ; Ag 1.13). C'est pourquoi, selon certains, le nom « Malachie » pourrait être un surnom du prophète dont le nom véritable serait inconnu.Malachie a exercé son ministère de porte-parole de l'Éternel parmi les Judéens, après le retour de l'exil, la reconstruction du Temple et la reprise des cérémonies du culte, sous l'empire perse (1.7-8, 12-14 ; 3.10). Certains problèmes soulevés dans le livre sont semblables à ceux du temps d'Esdras et de Néhémie : les mariages avec des païens et les dîmes impayées. Esdras et Néhémie ont pris des mesures pour remédier à ces difficultés (Esd 10.3 ; Ne 13.1-3, 23-27), mais Malachie n'y fait pas référence. Ses proclamations dateraient donc, selon certains, d'un peu avant la mission d'Esdras, arrivé à Jérusalem en 458 avant Jésus-Christ. D'autres, cependant, situent l'activité du prophète pendant que Néhémie était absent de Jérusalem en 433 et 432 (Ne 5.14 ; 13.6) ou lors de son deuxième séjour en Judée.Parce que le peuple ne voit pas les promesses de Dieu se réaliser, son coeur s'éloigne de l'Éternel. Les Judéens se contentent d'une religion superficielle et peu exigeante, sans véritable connaissance du Dieu vivant. Ils évitent d'obéir, en effet, aux exigences les plus coûteuses de la Loi de Moïse (3.7-10), qui demandent un engagement personnel envers l'Éternel. Le prophète dénonce ces attitudes en six proclamations. Chacune débute par une vérité concernant l'Éternel et se poursuit par un dialogue assez dur, sous forme de questions et réponses, entre le prophète et le peuple.Malachie annonce la venue du messager de l'Éternel (3.1), le nouvel Élie (3.23-24). Celui-ci précédera le Seigneur lui-même, le messager de l'alliance tant attendu (3.1). Mais le peuple, revenu d'exil, malgré toutes les espérances, n'est pas encore prêt : il faudra que le nouvel Élie prépare les coeurs à l'intervention du Seigneur (3.23-24). Jésus, le messager de la nouvelle alliance, reconnaîtra en Jean-Baptiste le nouvel Élie (Mt 11.10 ; 17.10-13 ; cf. Lc 1.17) annoncé par le dernier prophète de l'ancienne alliance.